LORS DE MON SÉJOUR A NEW-YORK, DANA BEAL, LEADER YIPPIE, ME DEMANDA DE PUBLIER L'ARTICLE CI-DESSOUS, PARU AU PRÉALABLE DANS OVERTHROW; THE YIPSTER TIMES, EN AVRIL 81.

CETTE VISION BIEN PARTICULIÈRE DE L'IMPORTANCE DU TRAFIC DE DOPE DANS LA POLITIQUE MONDIALE, ASSEZ DIFFÉRENTE SOMME TOUTE DES OPINIONS VÉHICULÉES HABITUELLEMENT PAR LES MÉDIAS, ME PARAIT ETRE UNE EXPLICATION TRES LOGIQUE ET TRES PERTINENTE A BON NOMBRE DE POINTS OBSCURS OU TROUBLES. IL EST AUSSI INTÉRESSANT DE CONNAÎTRE L'OPINION DE LA CONTRE-CULTURE AMÉRICAINE SUR DES ÉVÉNEMENTS AYANT EU LIEU EN FRANCE :

VOICI DONC LES DESSOUS DE LA « CONSPIRATION DE L'HÉROÏNE », HABILEMENT TRADUITS PAR ALI LE BABA, UNE ENQUETE A SUIVRE ET A EDITER.

GÉRARD SANTI


Héroïne
Une nouvelle conspiration ?
par Dana BEAL

 

Selon une évolution, guère surprenante pour de vieux analystes de la « Drug scene » américaine, Peter Bensinger, directeur de, l'agence pour la Répression de la Drogue (DEA) constate une baisse effective des grosses arrestations d'héroïne par son Bureau pour le Nord-Est, durant l'année 1980.

Le nombre d'arrestations pour cette région (New York, mais aussi le Maine, le Delaware, ainsi que des centres de, Junk tels que Newark, Boston, et Philadelphie) est étrangement très inférieur à la tendance générale surtout en ce qui concerne l'héroïne, en dépit des moyens «disproportionnés et anormalement élevés » mis en oeuvre. Pour ceux qui prédirent un retour en force de, l'héroïne et autres drogues dures quand la DEA commença sa répression sur l'herbe il y a deux ans, ces dites statistiques ne font que confirmer, avec plus d'éclat, leurs affirmations : à chaque répression de l'herbe correspond une épidémie d'héroïne.

La façon dont l'analyse statistique, dans son ensemble, montre une baisse suspecte dans les saisies d'héroïne surtout lors d'une « épidémie », a conduit les observateurs à penser que les premiers rapports, montrant le Directeur régional de la DEA de, New York entendu par le FBI sous l'accusation d'avoir «facilité l'entrée de nombreux citoyens privés dans le pays » seraient peut-être les premiers signes d'une autre conspiration à haut niveau touchant l'héroïne, du même ordre que le fameux scandale d'Arnold Rothstein et du Service de Douane en 1927.

LE SCANDALE DE LA BLANCHE EN 1927

Afin d'aller plus loin que les banalités véhiculées par les médias sur les problèmes de l'héroïne de nos jours, il est utile de voir ce qui s'est passé dans les années 20, dix ans après l'interdiction de l'héroïne. Les années 20 sont plus connues comme étant celles de la prohibition de l'alcool ; cependant nombreux sont ceux qui ne réalisent pas que la prohibition -- de la même façon qu'elle eut pour effet inattendu de déifier l'alcool et de promouvoir le « crime organisé » -- permit à un seul homme de monopoliser le marché de l'héroïne durant ces années, et à un petit groupe d'officiels du Département du Trésor de s'enrichir. Aujourd'hui on se souvient d'Arnold Rothstein comme de « l'homme qui truqua les championnats de base-ball de 1919 » et inspira Meyer Lansky. Mais son principal titre de gloire est d'avoir, avec l'aide de membres du Département du Trésor, protégé un monopole contrôlant 85% du marché de l'héroïne aux USA en déviant habilement les efforts des autorités sur la prohibition de l'alcool. Des pleines caisses de came pure furent expédiées à Rothstein par de coopératifs agents de douanes, sous la protection d'huiles de Washington, tandis que des G. men maniant la mitraillette descendaient par routine des bouilleurs de crus pris sur le fait dans leur cave. Cela finit par craindre, non à Washington, mais à New-York où une chambre d'accusation devint suspicieuse, et Arnold fut abattu avant d'avoir pu témoigner. Avant que le scandale ne s'atténue, les journaux découvrirent que Rothstein avait pris comme avocat dans une affaire de fraude fiscale, ni plus ni moins que le neveu du Colonel Mac Nutt chef des stups et de la répression pour la région du Nord Est.

La colère en résultant, au fur et à mesure que l'homme de la rue réalisait que son alcool était persécuté pour favoriser les trafiquants de drogue, marqua un tournant dans l'attitude du public face à la prohibition. Cependant, dans l'immédiat, cela permit la séparation des opérations de répression du Trésor en deux services distincts, alcool et stupéfiants, avec Harry J. Anslinger, gendre du secrétaire des Finances d'alors, promu d'un poste bureaucratique obscur au titre de patron des stups. Avec des « réformes » et la fin de la prohibition sur l'alcool, vous penseriez qu'une sévère répression aurait liquidé le problème de l'héroïne aux USA. Eh bien, la contribution personnelle d'Anslinger fut seulement d'accentuer la répression sur l'herbe et, en pénalisant tout usage de l'herbe et non plus seulement sa culture et sa vente, d'être certain que la prohibition de l'herbe serait un tel travail intensif qu'elle absorberait pleinement l'énergie des 3000 agents bons pour le chômage avec l'arrêt de la prohibition sur l'alcool. Ne pouvant empêcher d'autres profits extra légaux pour le Département du Trésor, la chambre d'accusation de New York en 1929 ne put que déplorer qu'aucune de ces recommandations n'ait été suivie et qu'aucun des agents qui auraient du être mutés ou radiés ne l'ait été...

La combine de Rothstein fut bientôt reprise par un duo de jeunes loups: Meyer Lansky et Lucky Luciano. Le contrôle de l'héroïne aux USA -- et plus tard en 1947 dans le monde -- demeura dans leurs mains ou celles de leurs successeurs jusqu'à nos jours avec d'étonnantes conséquences historiques.

1978 : GENÈSE D'UNE SURABONDANCE D'HÉROÏNE

Les durs à cuire de la lutte contre la drogue aux USA, qui, depuis 40 ans n'ont jamais pu enrayer les opération du milieu, ont en fait protégé leur emploi en obscurcissant le point central à propos de l'héroïne : tel un virus en sommeil, elle est toujours présente dans le corps politique. Quelqu'un essaie toujours de l'y introduire, c'est tellement rentable. C'est pourquoi l'histoire de l'héroïne est pleine d'agents des stups ou de services secrets pris sur le fait en train de la revendre. Une épidémie d'héroïne sévit quand le système de protection de la société -- application de la loi -- est affaibli ou diverti du virus héroïne (par exemple par une chasse aux sorcières contre les soiffards ou les fumeurs d'herbe). Incontrôlé, le virus se multiplie dans les cellules (profits) jusqu'à ce que la tumeur maligne atteigne sa maturité et détruise... ou que le corps politique réagisse à temps et fabrique de nouveaux anticorps. Les gens en ont assez de l'héroïne et de ses effets. De leur propre avis, ils la rejettent. Au début de l'administration Carter, une vue plus large paraissait offrir des possibilités quant à l'abandon de la répression de l'herbe et même d'un traitement plus rationnel de l'addiction à l'héroïne, sur le modèle anglais.

Le conseiller du Président pour les affaires de drogues, Peter Bourne pensait que la cocaïne pouvait être contrôlée en la rendant « trop chère pour les classes moyennes ». Mais déjà, lors de la conférence en décembre 1977 de l'Organisation Nationale pour la Réforme des Lois sur la Marijuana (NORML) - même avait la perte d'influence du Docteur Peter Bourne et des libéraux de l'organisation - il était devenu évident qu'un consensus à Washington entre partisans d'une ligne dure face à la fumette prenait forme. Le très conservateur secrétaire à la Santé Califano (plus récemment conseiller du Général Haig lors de sa nomination) décidait qu'une plus grande libéralisation en matière de marijuana était contraire aux efforts entrepris pour renforcer la législation sur les tabacs; le chemin fut ainsi ouvert à Peter Bensinger et aux durs du département des stups (DEA) pour abattre l'herbe. Mais le « Bournegate » en juillet 1978, en plus de compromettre le douillet arrangement entre les libéraux et les centristes « professionnels de la réhabilitation » (embauchés par le gouvernement pour sortir les gosses de l'herbe tout en les mettant à la thorazine), eut comme résultat inattendu de renforcer les éléments droitiers sous estimés par NORML même s'ils avaient partagé avec Bourne la coke qui lui fit perdre son boulot. L'Organisation paravent « Guerre à la Drogue » qui devait être bientôt lancée par le groupe néo-nazi américain -- le Parti Ouvrier -- en association avec les noirs musulmans (qui abandonnèrent quand ils s'aperçurent qui était vraiment Führer Lyndon Hemyle LaRouche) profita d'un singulier développement international qui devait en faire les partenaires des stups américains pour raison d'état. Le renversement du Shah d'Iran en janvier 1979, en plus d'affecter les approvisionnements de pétrole, dérégla le marché de l'héroïne. Tandis que l'autorité se désintégrait en Iran, la seule garantie pour les paysans, contre un futur incertain, était de planter du pavot. Pendant les mois agités de 1978, tandis que le Shah chancelait, une autre classe, plus cynique, transformait frénétiquement leurs richesses en opiacées facilement transportables.

En Amérique, où pas moins que le New York Post avait décrit la soeur du Shah la princesse Ashraf, comme la « femme Dragon » du bourrin, la SAVAK, réseau de police secrète au ramifications internationales, était déjà à pied d'oeuvre fourguant les millions de dollars d'héroïne nécessaire à la reconquête du trône de Paon. Bon marché, pure, la poudre inonda New York, le taux d'overdose s'envola. L'herbe était out, la coke du passé. La New Wave en redemandait; dans les salons de Soho, des rails de pure iranienne remplaçaient les lignes de flocons péruviens. Pendant ce temps-là la classe dirigeante des Kissinger/Rockefeller, se mit au travail pour donner sa légitimité à une hystérie anti-herbe, sciemment lancée pour détourner l'attention des efforts de la SAVAK pour récolter des fonds. En juin 1979, à l'université de New York, des facilités furent accordées à une « prestigieuse conférence médicale » dont le sujet était « les nouvelles découvertes sur les dangers de la marijuana ». La crème de la pseudo-science anti-herbe se réunit sous l'égide de l'Agence pour la Répression de la Drogue, pour écouter des rapports sur des recherches pseudo scientifiques vieilles de 10 ans, déjà discréditées. Partout on pouvait voir, avec leurs costumes indescriptibles et leurs cheveux courts, les membres du service d'ordre de « Guerre à la Drogue » de LaRouche.

Alors que jusqu'à aujourd'hui elle n'a jamais renié son caractère néo-nazi, l'Organisation « Guerre à la Drogue » trouva les médias étonnamment réceptifs à son hystérie anti-herbe, ceux-ci, passant pudiquement sur les antécédents fascisants de la Guerre personnelle de LaRouche contre les fumeurs.

Des statistiques publiées récemment par le Secrétariat à la Santé, montrent que pour la première fois l'usage de la marie-jeanne est en légère baisse dans les lycées ; les nombreux articles « sur les dangers de l'herbe » furent cités comme en étant la principale raison. Mais hélas pour le secrétariat, l'usage de la coke était en hausse parmi ces mêmes étudiants, peut-être influencés par des vues plus libérales quant aux dangers des poudres blanches, qui avaient cours sous Carter.

LAROUCHE ADMIRE LE DUCE

Tragiquement, il est évident que LaRouche n'est pas fou, que son mouvement « Guerre à la Drogue » est en fait une tactique rajeunie pour un coup totalitariste en Amérique impliquant :

  1) la création d'un parti politique de masse

  2) le contrôle des activités d'une Agence fédérale de police

  3) une attaque cohérente utilisant une faille ou une brèche dans les libertés civiles par l'intermédiaire d'une police secrète à l'égard d'un groupe bouc-émissaire suffisamment important pour créer un effet faisant froid dans le dos à la société dans son ensemble (tout le monde connaît des fumeurs -- il y en a plus de 40 millions).

Ce n'est que ces derniers mois qu'il est devenu évident que « Guerre à la Drogue » a été délibérément fabriqué avec l'aide des super-narcs de l'époque Nixon et d'un réseau néonazi trafiquant armes et héroïne, réseau qui s'étend de Miami et de l'Europe Centrale à Santiago et à Bangkok. En fait cette création d'une cinquième colonne « Groupe public de pression » pour supporter bruyamment les éléments fascisants au sein de la DEA était presque certainement une des priorités de LaRouche lors de ses sessions super-secrètes de stratégie en 1976 avec les néo-nazis en Allemagne, et en Italie avec les représentants de l'Internationale fasciste. Avec la formation de «Guerre à la Drogue » LaRouche qui a étudié le fascisme sous toutes ses formes historiques et actuelles, a placé ses espoirs sur le potentiel fasciste inhérent à l'héroïne.

Héroïne-Fascisme, quoique moins connus que le nazisme, ou le fascisme, italien proprement dit, est une variante historique analysée pour la première fois dans le livre « Politique de l'Héroïne dans l'Asie du Sud-Est ».

Cette étude, publiée en 1972 par Alfred Mac Coy , suggère que le fascisme en dépit de hauts et de bas en France, n'a pu s'y cristalliser dans le mouvement classique totalitaire de masse, comme en Espagne, en Italie ou en Allemagne; et ce précisément en raison du rôle joué par l'héroïne et du milieu corse qui la dealait en temps que troupe de choc de la réaction en lieu et place des chemises noires fascistes ou SS.

Non seulement la corruption des truands empêcha le fascisme de gagner les élections mais les implications d'une troupe de choc non intéressée par la prise du pouvoir, mais seulement par le partage avec les politiciens-bourgeois afin de protéger leur racket, devaient être fatales -- selon un point de vue fasciste.

LA TOUTE PUISSANCE DE LA FRENCH CONNECTION

Si le couple Héroïne-Fascisme amorça l'émergence dans le sud de la France, d'un véritable style nazi à chemise brune ou d'une Phalange, son aspect gangster, moins spécialisé et plus traditionnel, lui a permis de survivre à la débâcle de 1945 et de continuer son boulot « anticommuniste » avec la bénédiction de la CIA.

En effet, durant la guerre, des agents de l'OSS, première moulure de la CIA, travaillèrent avec succès à l'invasion de la Sicile, en collaboration avec Lucky Luciano. De plus, tous les truands corses n'aidèrent pas la Gestapo. En fait, un nombre important sortit de la résistance au côté des socialistes français. Ce fut vers les socialistes et leurs liens avec le Milieu que se tourna la CIA en 1947 pour briser les grèves communistes à Marseille. Ce fut avec l'aide de douaniers marrons, le patronage de la CIA et la protection politique d'abord des socialistes puis des Gaullistes que la « French connection » contrôla la production et la vente de l'héroïne jusqu'à la fin des années 60.

Puis la guerre du Vietnam et la présidence de Nixon, produisirent, selon Mac Coy, une révolution dans le monde de l'Héroïne; quoique lui et d'autres comme E.J. Epstein (Agence de la peur) nous laissent dus le noir pour ce qui est de savoir qui prit le contrôle pendant les années 70. En 1981, un journaliste indépendant, le danois Kenrik Kruger, publia : Le Grand coup de l'héroïne » qui remplit nombre de points obscurs.

LE GRAND COUP DE L'HÉROÏNE

Ce qu'il trouva, fut le retour de la tendance la plus violemment extrême-droite aux affaires, et le tout avec la complicité de la CIA et main dans la main avec la Mafia !

L'alliance comprenait le lobby chinois (Taiwan) d'anciens de l'OSS, des exilés Cubains, le Syndicat de Lansky et les faucons de la CIA poussant à une guerre totale en Indochine et contre Castro. Formée entre 1961 et 1963 ses membres avaient trois choses en commun : un discours politique de droite, un intérêt dans l'Opium asiatique et une soif de pouvoir politique. Ces derniers facteurs conduisant à un autre dénominateur commun pour lequel l'alliance investit des fortunes : R. M. Nixon.

Le moyen pour ce grand coup fut la création par Nixon de l'Agence pour la répression de la Drogue (DEA); mais ce fut cette plus large alliance de fascistes, qui contrôlait déjà la production et la vente d'opium, qui jugea qu'il fallait mettre fin à la suprématie des corses. Démarrant avec l'argent de la Chine nationaliste (KNT) glané en prescrivant l'héroïne comme cure à l'opium à 20 millions de chinois avant la prise du pouvoir par Mao, ils formèrent en 1966, la ligue mondiale anti-communiste faisant ainsi contre poids au Congrès TriContinental de Castro des révolutionnaires du Tiers-Monde. Plus tard, la même année l'Agence Aginter Press fut créée à Lisbonne comme paravent pour la police secrète portugaise et espagnole, la CIA et l'OAS. Ensemble, ils redoublèrent d'efforts pour liquider toute l'infra-structure du SDECE du SAC et de ces barbouzes et des truands corses qui tenaient réellement le trafic. Pour avoir pleine satisfaction, la Ligue et ses ramifications durent attendre que De Gaulle sorte et que Nixon rentre. En fait, Kruger pense que Pompidou n'aurait jamais laissé tomber ses connections corses pour le meilleures relations avec les USA, s'il avait su combien cela allait nuire à l'espionnage français de ne plus échanger des armes et de la drogue contre des informations et ce, sans trace dans le budget. Quand vinrent les années 1972-1973 la chute de la French Connection était totale et définitive. La réussite de Kruger est de mettre en évidence son remplacement sur chaque scène par des fascistes en liaison avec la Ligue mondiale, en Europe, en Asie du Sud Est, en Amérique Latine.

Ce qu'il oublie c'est l'importance du rôle joué par la SAVAK iranienne ou plus récemment par la guerre de LaRouche contre l'herbe, pour détourner l'attention des agissements des exilés cubains, ex-CIA, dealers d'héroïnes...

De loin le plus intéressant est sa vision des fascistes qui s'emparèrent du marché de l'héroïne et qui ne seraient pas seulement qu'anti-communistes.

L'inévitable tendance dans le business de l'héroïne, la fin du fin en matière de denrées néo-colonialistes a fini par créer une prise de conscience ouvertement fasciste - non pas seulement de l'insensibilité, mais une rage vacharde d'extirper toutes les tendances à la neutralité qui affligent tout conservateur chancelant traumatisé par les défaites révolutionnaires. Les mercenaires de l'Agence pour la Répression de la Drogue que Nixon laissa aux commandes, les trafiquants cubains, peaufinant soigneusement leurs réseaux de courriers, virent les bienfaits d'éliminer tout risque politique d'être mis au chômage. Mais un nettoyage était nécessaire. Pour opérer politiquement, ils eurent besoin d'une organisation spéciale pour mobiliser leurs bases de droite : « La Guerre à la Drogue». Il paraît vraisemblable que LaRouche ait des connections avec le crime organisé surtout depuis que les journaux du Rassemblement national pour des comités d'ouvriers (National Caucus Labor Commitees) décrivent des gens comme les syndicats Teamsters comme étant partie intégrante de la grande Coalition Fasciste. La recherche détaillée de Kruger sur les fascistes européens que LaRouche commença à rencontrer en 1976, laisse peu de doutes sur le fait qu'ils travaillent ensemble à une police d'état en Amérique.

WERBELL : MAÎTRE DU COUP

Un événement important arriva à LaRouche lors d'une réunion en 1977 à Wiesbaden. La bande à Baader-Meinhoff essaya de le descendre. Dans la paranoïa qui suivit, il accepta l'offre de Werbell de revoir les problèmes de sécurité du « Rassemblement National... ». Par la suite, le plus proche collaborateur de LaRouche devint Mitchell Werbell. ce même Werbell que le grand coup sur l'héroïne identifia comme l'un des patrons, le contact qui formait les exilés cubains, lesquels, remplaçaient les italiens comme passeurs ; et celui qui s'était infiltré dans le cercle de LaRouche en le branchant avec le , Lobby pour la Liberté » et « La Ligue Mondiale Anti-communiste » Kruger écrit :

« ... Parmi d'autres, au camp d'entraînement anti-terroriste de Werbell à Powder Springs, il se trouvait plusieurs membres du « Parti Ouvrier » du candidat présidentiel Lyndon LaRouche. Le « Parti ouvrier », de marxiste devenu extrême droite et anti-sémite, envoya sciemment au FBI et à la police locale des rapports « d'Intelligence » sur les mouvements gauchistes, et d'une façon régulière échangea des informations avec un certain Roy Frank Houser grand Dragon du Ku Klux Klan en Pennsylvanie et membre actif du parti nazi américain -- cf. le New York Time du 7 octobre 1979 ».

Selon Dennis King, les liens de LaRouche avec l'entourage de Werbell dateraient du temps où Lyndon était à l'OSS en Birmanie en tant qu'aide brancardier et de leur travail ensemble sous les ordres de Lou Conien après la guerre à Marseille. Leur amitié était antérieure aux contacts avec Frank Houser et Willis Carto - ce dernier étant le fondateur du mouvement d'extrême droite « Lobby pour la Liberté », -qui ne commencèrent que dans les derniers mois de 1975 et se prolongèrent durant l'année 1976, marquant ainsi un virage pour le devenir des fidèles de LaRouche. En 1976-77, LaRouche établit le langage et l'approche de la branche européenne de son organisation centrée sur l'Allemagne, qui avait déjà eu des contacts avec le réseau électoral du groupe « sportif » néo-nazi Hoffman et adopta des noms de code pour contourner les lois ouest-allemandes qui interdisent la rhétorique et l'attirail nazi.

Les rencontres avec Frank Houser et Carto, importantes pour la coordination de l'idéologie du rassemblement national des comités ouvriers avec de l'extrême-droite, garda aussi ses partisans dans l'obscurité quant aux buts réels de leur propre hystérie anti-herbe. La CIA avait été proprement embarrassée quand fut découvert qu'un bon nombre de ceux arrêtés lors de l'opération Aigle en 1970 (d'ailleurs la dernière opération d'envergure lancée par le département de la justice contre la coalition Internationale fasciste/Milieu/Cubains /Exilés/Héroïne) étaient tous des vétérans de la Baie du Cochon. De tait, conserver la répression principalement axée sur l'herbe de 1978 à nos jours, a fourni une marge de sécurité fantastique pour les deals de poudre des divers protégés de Werbell, ancien numéro 3 des stups sous Nixon (Werbell est toujours présenté dans la propagande de « Guerre à la Drogue » comme « un bon narc : de notre côté.. Pas un Pourri.. »

UNE SORTE D'ÉLITE SS POUR FAIRE TOURNER...

Pour encadrer une masse fasciste aux USA capable de former et d'influencer les événements, une organisation comme Guerre à la Drogue résout certains des problèmes posés par le premier modèle corse du couple fascisme/héroïne.

  1) Cela garde les choses compartimentées. De devoir utiliser des truands pour casser du gauchiste implique la menace constante que la révélation de leurs rackets compromette la direction fasciste aux yeux de la moyenne bourgeoisie, celle-là même que LaRouche veut attirer. Le fascisme-héroïne exige que les responsables politiques de la liquidation de la contre-culture identifiée à l'herbe soient à l'abri de cette confondante vérité...

  2) Préserver le réseau d'exilés cubains -- de la dope contre des armes -- distincts du mouvement Guerre à la Drogue (via ex-CIA vétérans comme Werbell), signifie que le gouvernement fédéral, DEA etc, peut « répondre à la pression de l'opinion publique dominante » sans craindre d'être embarrassé.

  3) En dépit de ces prohibitions internes sur la drogue, le rassemblement national est néanmoins bien placé maintenant pour exploiter l'ambiance fasciste marginale, le snobisme du folklore junki-nazi créé par la tendance psychologique, bien connu chez les défoncés dans le monde du show-biz et des médias, à contrefaire les valeurs, les pauses et les vues de leurs connections (qui dans le cas de la coke et de l'héro sont de plus en plus des cubains fascistes et des truands, dont les tendances conservatrices font légende dans l'industrie du disque. Ainsi LaRouche a prospéré non seulement en remplissant son rôle historique de détourner l'attention du trafic protégé de l'héroïne par sa guerre contre l'herbe, mais aussi en créant ce besoin théorique du duo héroïne/fascisme, pour permettre à sa propre élite puritaine de conception SS d'administrer en dernier lieu le système. La procédure, semblable à celle qui remplace les chemises brunes des SA plus ou moins amorphes et gangsters par la hiérarchie structurée des officiers SS aux uniformes noirs, a un avantage en plus, de simplement remplacer une collaboration quelque peu rustre et primaire entre politiciens fascistes et truands par la triade plus structurée et plus spécialisée des exilés cubains/DEA/Guerre à la Drogue. Le développement de Guerre à la Drogue fournit à LaRouche un groupe de choc hautement discipliné -- nombre d'entre eux judenrats et fanatiques du Tiers Monde avec les attitudes fascistes de base déjà éprouvées par leur Pogrom contre les fumeurs d'herbe et leur collaboration avec les forces de la police fédérale les plus méprisantes des droits civils, la DEA. Ceux-ci seront le noyau discipliné auquel le Klan, « les grandes gueules fachos » et les punks nazifiés pourront se rallier quand la survie deviendra dure en 1982 et 83.

Une opinion largement répandue qui voudrait que LaRouche soit un gauchiste fêlé de plus... une créature de Rockefeller... ou de Reagan, ignorant tout du travail qu'il a fourni pour façonner son corps d'élite de troupes de choc. Le mouvement Guerre à la Drogue fut conçu dans le but spécifique de préparer l'Amérique à une prise du pouvoir par les forces internationales fascistes avec lesquelles LaRouche est affilié.

A PROPOS DU RÉSEAU DE L'INTERNATIONALE FASCISTE

Kruger offre une image effrayante de l'étendue de leur subversion des démocraties appelées à servir de base aux fascistes : « L'internationale fasciste est le résultat de nombreuses années de planning à Madrid par l'ancien nazi, Otto Skorzeny, qui dans les années 50 avait travaillé pour la CIA. Dans ses rangs figurent d'anciens SS, des terroristes de l'OAS venant de la Force Nouvelle Espagnole, des exilés cubains, des truands du SAC et enfin des vétérans de la CIA, blindés par les campagnes terroristes lors de l'opération 40, au Guatemala, au Brésil et en Argentine. Le colonel SS Skorzeny était la tête pensante du groupe mercenaire « Paladin » jusqu'à sa mort en 1975. Le docteur Gerhard Harmut Von Schubert, à ses débuts au ministère de la propagande de Goebbels, en était le chef des opérations. Domicilié à Albufera en Espagne, son vrai QG était les bureaux de la firme import-export M.C. de Skorzeny se situant à Madrid, adresse partagée par une société paravent pour les services secrets espagnols SCOE du colonel Eduardo Blanco et aussi un bureau de la CIA. La bonne entente entre les terroristes espagnols de droite et les renseignements américains et espagnols est encore plus mise en relief par l'achat par la SCOE, au milieu des années 70, des pistolets-mitraillettes MIO de Werbell, date jusqu'à laquelle l'arme terroriste par excellence ne pouvait être trouvée en Europe. Peu de temps après, le MIO atterrit dans les mains des terroristes italiens et espagnols... Skorzeny avait infiltré l'Agence d'Espionnage Espagnole DGS et la contrôlait sans difficulté aucune. l'Internationale, Fasciste était la première étape cruciale dans la réalisation du rêve non seulement Skorzeny, l'éminence grise de Juan Peron et le prince Justo Valerio Borghese le bailleur de fonds fasciste italien, sauvé du peloton d'exécution de la résistance italienne par la future tête du contre-espionnage américain James J. Angleton, Ces derniers ainsi que d'autres puissances nazies et fascistes à travers l'Europe et l'Amérique Latine, envisageaient un nouvel ordre fondé sur un Cercle de Fer Fasciste, reliant Buenos Aires, Santiago, Lima, La Paz, Brasilia, et Montevideo. En 1976-77, l'Internationale Fasciste fit souvent sentir la puissance de sa présence en Europe, notamment en Allemagne de l'Ouest où les groupes néo-nazis gagnaient de plus en plus d'adeptes ».

L'information sur les meetings entre ces gens et LaRouche est extrêmement restreinte même en Europe. Quand l'Herald Tribune International écrivit sur les rencontres de LaRouche et de ses disciples avec les néo-nazis allemands et plusieurs néo-fascistes en Italie, il fut tellement paniqué qu'il intenta un procès pour diffamation en France. Grâce à une défense peu énergique, il le gagna.

L'ASCENSION DE « GUERRE A LA DROGUE »

Nous savons qu'après avoir passé presque tout son été à Wiesbaden il revint aux USA avec un discours comme quoi le trafic de drogue était encouragé par les juifs et contrôlé par la ligue anti-diffamation, couverture italo-américain de la mafia.

Néanmoins, il ne commença pas son mouvement aussitôt. Dennis King raconte une anecdote sur le Shah assis dans son palais durant la révolution, lisant un rapport sur papier parfumé à la rose des « conseillers en sécurité » de LaRouche sur « comment stopper Khomeyni ».

Le rôle de la SAVAK dans l'importation d'opium et de hash aux USA était un secret de polichinelle pour les journalistes de High-Times au milieu des années 70. Certains furent même cités dans un procès fédéral pour avoir trop profondément enquêté sur une connection iranienne impliquant directement le Shah. Le grand public aux USA n'a jamais suffisamment entrevu le caractère nazi du régime du Shah avec son idée de suprématie aryenne. A partir du moment où LaRouche empocha le « contrat » pour la protection du Shah, l'effort de « Guerre à la Drogue » s'accroissait au fur et à mesure que la situation du trône du Laon empirait.

Au lieu de compromettre les réputations fascistes ou de déranger leur stratégie, le trafic de blanche, qu'ils protègent, encourage le crime dans la rue, crime que de nouveaux politiciens de droite exploitent pour être réélus en faisant appel à plus de flics, plus de prisons, plus de, Liberté et sécurité.

Le duo héroïne/fascisme qui était censé être très loin, confiné à l'Iran ou au Triangle d'Or, se retrouve installé à New York dams le Lower East Side, en compagnie d'une super exploitation économique et d'une répression de plus en plus forte et cynique. Non seulement marginaux et indésirables sont éliminés mais la triade au complet crée des vibrations au sein de «scènes » largement éloignées les unes des autres, si bien que des gens qui n'auraient jamais écouté « Guerre à la Drogue » de leur vie, et qui n'aiment pas l'Agence de Répression, finissent par être conditionnés dans des attitudes étonnamment fascistes dans le but « d'arriver dans le système ».

L'ex-Impératrice d'Iran, Farah Diba est mentionnée par Dennis King comme ayant dit, « si le Shah avait seulement écouté Lyndon LaRouche il serait peut-être encore au pouvoir ». Quand, on voit maintenant le flot d'héroïne venant du croissant Iran-Afghanistan-Pakistan, sans doute 10 fois plus important que celui du début des années 70 en provenance du Triangle d'Or et 100 fois plus que celui des Corses en Turquie... quand on lit les rapports

presque constants de cas comme celui du neveu de Chapour Baktiar, le dernier Premier ministre du Shah, qui fut condamné à un minimum pour avoir fait entrer 5 kilos d'héroïne aux USA... on ne peut s'empêcher de conclure que LaRouche & Co fournissent toujours des «'services de sécurité» au réseau de la SAVAK de Farah Diba et leurs complices de l'Agence de Répression (la SAVAK constitue la plus importante opération d'espionnage en Amérique, après les agences du gouvernement fédéral), qui siphonnent sans faillir les millions nécessaires à la restauration du Trône.

En août 1978, le fidèles de LaRouche s'unirent aux musulmans noirs de Wallace D. Mohammed pour former le premier groupe de Guerre à la Drogue. Partant de Détroit, affirmant un ton résolument anti-sémite, ils utilisèrent les contacts des musulmans pour rencontrer les politiciens noirs, franc-maçons, leaders syndicaux, éducateurs, associations de quartiers. Lorsque les gens de LaRouche précipitèrent une rupture avec Mohammed en faisant paraître sa photo dans un journal, (un blasphème aux yeux du fidèle), le mouvement Guerre à la Drogue, qui avait alors atteint une taille nationale fut capable de retenir tous les contacts marginaux qu'ils avaient piratés. Ils avaient déjà publié leur livre « Dope, Inc ». et démarré un mensuel sur papier glacé. De même le grandiose « symposium des docteurs » à l'université de New York en juin 1979 fut leur grande première vis-à-vis des médias, le co-responsable de cette conférence était un certain docteur Gabriel Nahas qui avait travaillé avec l'OSS dans la résistance française et contre les communistes après la guerre. Dans ce boulot, il avait rencontré Lou Conien et Werbell et selon Denys King même LaRouche. De penser que ces hommes, 30 ans plus tard, se rencontrent par le plus pur des hasards dépasse toute crédibilité.

HÉROÏNE ET STRATÉGIE DE LA TENSION

La grande innovation par rapport aux Corses qu'ils déplacèrent, est qu'ils sont prêts à utiliser à fond le trafic de l'héroïne pas seulement pour l'argent mais pour promouvoir une stratégie de la tension. Cette notion fut inventée par Mussolini, le mentor de LaRouche, pour détourner le concept marxiste de la lutte des classes. Quoi que Mussolini prêcha la collaboration entre travailleurs et patrons en prenant le pouvoir il encouragea la dite lutte des classes, parce que sa « stratégie de la tension » était d'exploiter le désordre et le chaos pour se gagner la petite bourgeoisie frémissante, qui ne voulait juste que la paix et la tranquillité. Quand ses légions de chemises noires fascistes s'attaquaient aux Rouges, cela ne créait qu'un appel plus fort à la loi et l'ordre que faisaient respecter une police régulière à ses ordres. A là différence d'Hitler, Mussolini mit 5 ou 6 ans à conquérir le pouvoir. Dans les dernières étapes de consolidation, cette action, telle une tenaille, fut dirigée contre les journaux libéraux et toutes les voix d'opposition, et ainsi, les faire taire devint une alternative modérée à la violence perpétuelle entretenue par les extrémistes fascistes que Mussolini déclarait devoir pacifier.

Cela ne pourrait plus marcher aujourd'hui.

Aussi, en garantissant une marge plausible pour dénier toute complicité entre les différents éléments de, la triade « Guerre à la Drogue »/narcs/héroïne, les fascistes d'aujourd'hui sont encore en marche pour le pouvoir en utilisant un climat de violence. Le plus beau de tout cela c'est que 85% des arrestations demeurent pour cause d'herbe et pas de retour de bâton pour les narcs ou les fans de LaRouche.

Pour mieux comprendre cet écheveau, imaginez un planeur en vol -- excepté qu'en dessous du planeur ne se trouve pas un homme mais un autre planeur et en-dessous de celui-ci encore un autre. Les 3 volent et prennent les vents ensemble. Celui qui se trouve en haut (Guerre à la Drogue), dirige l'échelon en dessous (DEA) contre les fourmis et les marginaux, tout en empêchant les facteurs extérieures importuns, comme la presse, de trop concentrer leur attention sur le niveau inférieur (les exilés cubains/SAVAK/le Syndicat de l'héroïne, les moyens de, pression dans le monde du show-biz et des grands, médias).

La situation a dépassé le point de rupture. Pendant combien de temps encore le, grand scandale de l'héroïne de 1981 continuera-t-il d'être étouffé ... ?

Dana Beal - Traduction : ALI LE BABA
In Viper n°8 - Troisième trimestre 1983

 

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